Écrit par Mashooque Birahmani, Sujag Sansar Organization (SSO), Pakistan
Ici au Pakistan, il existe des lois contre la pratique nocive du mariage des enfants, mais notre expérience prouve qu’une action au niveau législatif ne suffit pas à impulser un changement. Nous avons déployé de nombreuses mesures préventives, mais, pour avoir un impact durable, nous devons changer l’attitude de parties prenantes clé dont la police, les médias et les personnalités religieuses. Nous avons compris que l’engagement auprès des chefs religieux qui célèbrent les mariages d’enfants serait capital. Nous avons alors entrepris d’élaborer une stratégie d’approche.
Notre approche a consisté à ne pas affronter les chefs religieux, mais à créer un espace où ils pourraient discuter du mariage d’enfants entre eux. Pour la première fois, nous avons invité 15 personnalités religieuses représentant différentes écoles de pensée de l’Islam. Nous leur avons proposé quatre sessions de formation (sur les droits humains et les aspects médicaux du mariage d’enfants et de la violence basée sur le genre) et les avons conviés à différentes activités que nous organisons au sein des communautés (par exemple des groupes de théâtre). Nous avons ensuite prévu un espace où ils pourraient échanger leurs points de vue sur le mariage d’enfants. Une composante importante de notre stratégie a consisté à faire venir des experts médicaux capables d’expliquer aux participants les effets nocifs du mariage d’enfants.
Douze des quinze participants plaident désormais pour mettre un terme au mariage d’enfants. Tous refusent de célébrer des mariages d’enfants, grâce à quoi 30 mariages ont été évités à ce jour. Nous observons également un changement dans la réaction des communautés. Au départ, l’opinion générale voyait les mariages d’enfants comme une pratique séculaire et non nocive. Les gens pensaient que nous étions des agitateurs. Maintenant, les communautés acceptent et comprennent notre travail, car nous avons le soutien de personnalités religieuses respectées.
Nous avons appris l’importance de ne pas relâcher nos efforts auprès des parties prenantes partisanes d’un point de vue opposé : grâce à un travail de fond, elles finissent par évoluer. En travaillant auprès des chefs religieux, nous avons appris qu’il est décisif d’impliquer les sages religieux qui jouissent d’une forte influence. Enfin, chaque culture a des aspects positifs (ex : le respect des femmes, la musique) et des aspects négatifs (ex : l’acceptation du mariage d’enfants) : appuyez-vous sur les aspects positifs de la culture pour faire évoluer les perceptions.
Avez-vous utilisé des ressources externes qui vous ont aidés à surmonter le défi, et que vous recommanderiez à d’autres organisations ? Si oui, vous pouvez les lister ou insérer un lien ci-dessous, ou joindre la ressource à votre réponse par mail.
Nous avons profité des conseils techniques du site internet et des webinaires de Girls Not Brides, notamment leur Théorie du Changement, boîtes à outils et Données Mondiales sur le mariage d’enfants, qui nous ont aidés à élargir notre perspective sur notre travail.
Liens vers la couverture médiatique de SSO, avec des informations susceptibles d’aider d’autres organisations comme BBC monde nouvelles Asie.
Documentaires sur le mariage d’enfants réalisés par Sujag Sansar, disponibles sur YouTube, qui pourront être utiles à des organisations travaillant dans ce domaine.
Mashooque Birahmani, Président de l’Organisation Sujag Sansar (SSO) au Pakistan, est né en 1970 dans la famille la plus pauvre du village de Dodo Birahmani, dans la province Sindh. Dès son enfance, Mashooque a participé à la section Jeunesse d’un parti politique et s’est engagé dans l’activisme social. En 2005, il crée SSO et commence à militer pour l’éducation des filles, avant d’aborder la question du mariage des enfants avec le soutien de la Commission Démocratique pour le Développement Humain, du Fonds Norvégien pour les Droits Humains, du FNUAP et d’AmplifyChange.