Écrit par Fanta Jataa-Sowe, ActionAid, La Gambie
Notre organisation se trouvait face à un dilemme. Le projet initial pour lequel nous avions bénéficié d’un financement se portait bien et avait atteint plus de 26 682 bénéficiaires, dont des victimes de violence sexuelle. Cependant, malgré cette réussite et le fait que les cas de violence sexuelle étaient de plus en plus souvent signalés, nous savions que pour mieux répondre au problème de la violence sexuelle il nous faudrait nous tourner vers le lobbying politique, l’éducation des communautés et la fourniture de soutien et d’assistance aux victimes survivantes. Pour nous lancer dans ces nouveaux domaines de travail, nous avions besoin de financements et de ressources supplémentaires.
Par ailleurs, ActionAid est membre du Réseau Contre la Violence Basée sur le Genre (NAGBV, Network Against Gender Based Violence) et à l’époque où nous avons bénéficié de la subvention initiale, les membres du réseau ne disposaient que de capacités réduites. La plupart n’avaient pas de systèmes institutionnels adaptés, notamment en matière de gouvernance, gestion financière et contrôles internes ; les actions de formation et de renforcement de compétences n’étaient menées que de façon sporadique.
Le renouvellement de notre subvention devait nous permettre de nous engager dans l’action politique, l’éducation et le soutien aux victimes. Il permettrait également de consolider les fruits de notre travail pour l’éradication des MGF, et de renforcer l’engagement des jeunes et les relations naissantes avec de nouveaux·elles allié·e·s, dont des personnalités religieuses.
Un nouveau financement nous permettrait également de réaliser des recherches afin de mieux comprendre les dynamiques complexes de la violence sexuelle, un enjeu important pour mieux orienter notre plaidoyer et notre action politique.
Nous avons modifié l’intitulé du projet, ses indicateurs et objectifs intermédiaires pour refléter les enjeux supplémentaires que nous voulions aborder.
Nous avons proposé une évolution du soutien apporté aux membres du réseau NAGBV, pour remplacer le renforcement de capacités à court terme par des systèmes durables et de long terme. Par exemple, au lieu de formations financières au coup par coup, nous avons développé un système capable de produire des rapports financiers fiables. Ainsi, même en cas de départ de personnel formé, le système reste en place au sein des organisations.
Nous avons introduit une initiative horizontale de renforcement de capacités, qui implique les victimes comme parties prenantes actives plutôt que comme simples bénéficiaires d’un soutien. Dans le cadre de cette initiative, nous réunissons tous les membres du réseau NGBV et bénéficiaires de fonds AmplifyChange sous forme d’ateliers de partage de compétences, où chaque organisation présente son travail et ses retours d’expérience ainsi que les défis rencontrés et les solutions adoptées. Nous avons ainsi créé des liens propices à la consolidation des réseaux et à la collaboration, et permis aux victimes de s’émanciper en prenant la tête d’activités de plaidoyer.
Fanta Jataa-Sowe est la spécialiste en Droits des Femmes des programmes d’ActionAid pour la Gambie. Son travail est axé sur la prévention primaire et la réponse aux violences basées sur le genre, ainsi que sur l’émancipation économique, à travers des partenariats avec des OSC et acteurs publics. La passion et l’expérience de Fanta ont aidé ActionAid à mobiliser des ressources pour son action en matière de mutilations génitales féminines et violence sexuelle.
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