Comment recueillir des fonds en facturant des cotisations aux membres

Écrit par Viviane Sebahire, Solidarité des Femmes pour le Développement Intégral, RDC

Pouvez-vous décrire la situation de collecte de fonds à laquelle votre organisation a été confrontée?

A la création de SOFEDI, c’était une organisation qui a d’abord réuni des personnes qui, essentiellement, avaient auparavant travaillé ensemble dans le Projet Prévention SIDA à Bukavu, et qui étaient donc motivées de continuer le travail dès que le projet a pris fin. C’est par la suite, compte tenu de l’augmentation des activités et du fait des partenariats avec des bailleurs de fonds, qu’on a décidé de structurer l’organisation et de lui donner une assise juridique. A ce stade, nous n’avions pas de fonds.

Pourquoi avez-vous décidé de recueillir des fonds en facturant des cotisations et comment l’avez-vous fait?

Faute de revenus, nous avions décidé de faire de SOFEDI une organisation d’adhérents au même temps que nous avions créé SOFEDI. Il n’y a pas eu beaucoup de discussions pour la cotisation. Chacun, car motivé, a compris qu’il devait contribuer aux charges qui ne sont pas prises en charge par les projets. Le staff de SOFEDI leur avait présenté le problème et ils ont adhéré. Leur participation à la mise en œuvre de certains projets les y aide aussi. Pour leur implication, ils n’ont pas à proprement parler un salaire mais une prime budgétisée dans le projet. Mais c’est surtout leur motivation qui fait qu’ils participent activement.

Les cotisations des membres de SOFEDI nous ont permis de louer des bureaux et de faire face à certaines charges dont le loyer, l’eau, l’électricité.

Dès la création de la Coalition 14, les premières discussions ont reconnu la nécessité de facturer l’adhésion et les cotisations mensuelles pour s’assurer de l’attachement des associations membres à la cause et pour assurer un minimum des frais de fonctionnement à son secrétariat. Les associations membres de la Coalition 14 contribuent eux aussi aux charges administratives de SOFEDI parce qu’elles bénéficient de son expertise en matière de DSSR et logent leur secrétariat dans ses locaux.

Les contributions des membres sont perçues par mobile money ou en cash, et font l’objet d’un reçu de caisse. Ces contributions sont enregistrées en tant que produits dans la comptabilité.

Qu’avez-vous accompli?

Les ressources financières recueillies par les cotisations nous ont permis de faire face à certaines charges administratives, notamment à l’égard des administrations étatiques. Comme les cotisations des membres restent modestes au regard de leurs moyens, nous effectuons parfois quelques retenues sur les appuis d’autres partenaires extérieurs qui œuvrent dans les domaines de la santé, des mines, de l’environnement, du genre et de la bonne gouvernance.

Qu’avez-vous appris de cette expérience?

Il est souvent nécessaire de mutualiser les ressources pour adresser certains problèmes dans la vie des organisations.

Quels sont vos conseils pour quelqu’un qui fait face à des problèmes identiques ou similaires et qui veut commencer à collecter des fonds en facturant des cotisations? 

Aucune situation n’est jamais désespérée et il faut prendre des initiatives.

Les organisations de petite et moyenne taille font face, en contexte de gouvernance administrative faible de la RDCongo ou d’autres pays africain similaire, aux taxes de l’état intempestives, donc généralement non prévues. L’habitude de facturation des cotisations peut y répondre.

La mutualisation des efforts est la clé de la réussite.

Avez-vous utilisé des ressources externes pour vous aider à résoudre ce problème que vous recommanderiez à d’autres organisations? 

Sans nécessairement avoir eu à utiliser des ressources documentaires, notre initiative s’est inspirée de la pratique en cours dans des organisations à nature de réseau ou coalition. Nous pouvons citer à titre d’exemple le réseau FEMNET basé à Nairobi (site web : www.femnet.org; email : admin@femnet.org; facebook : FEMNET Secretariat). Cela a aussi un avantage complémentaire, celui d’attacher les membres à l’organisation, au réseau ou à la coalition.

Viviane Sebahire, Solidarité des Femmes pour le Développement Intégral, RDC

Viviane Sebahire est née en 1968 à Bukavu en République Démocratique du Congo.  Elle est mariée et mère de 4 enfants dont 2 filles et 2 garçons. Elle détient une licence en Santé Publique.

Activiste depuis 1994, Viviane créée, en 2005, SOFEDI (Solidarité des Femmes pour le Développement Intégral). Cette association sans but lucratif d’une dizaine de membres est devenue organisation lead en matière des DSSR au Sud-Kivu en s’associant avec des partenaires pour créer la Coalition 14 (voir ci-dessous). SOFEDI travaille dans 3 domaines dont la santé, les mines et l’environnement (changement climatique). Tout cela avec comme thèmes transversaux le genre et la bonne gouvernance.

En 2016, Viviane initie et met en place la Coalition 14 qui s’appuie sur l’article 14 du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, relatif aux Droits de la Femme en Afrique dit aussi Protocole de Maputo. Cette disposition de cet instrument juridique régional insiste sur le droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction.

www.sofedi.org 

www.coalition14.net