Comment prendre la parole en public

Écrit par Doreen Mayanja, HURIWD

Pourriez-vous décrire votre situation avant d’avoir l’opportunité et/ou la confiance de parler en public?

Avant d’avoir l’opportunité de parler en public, je manquais d’estime de moi, essentiellement parce que j’étais physiquement différente des autres étudiant·e·s, de mes proches et du reste de ma communauté. Il m’arrivait souvent de me cacher pour ne pas être choisie pour lire un texte ou répondre à une question en classe. Je pouvais être caractérielle et désagréable, car je m’étais convaincue que tout le monde me méprisait. Je m’apitoyais facilement sur mon sort.

Voici un exemple de la façon dont notre organisation en pâtissait. Lors d’une assemblée générale dans le district de Wakiso, où nous devions élire les représentant·e·s locaux·ales des personnes en situation de handicap, je m’étais présentée à l’élection. Mais j’ai été rejetée en bloc et écartée du fait de la nature de mon handicap, l’albinisme. En plus de m’affecter en tant que personne, cela a empêché mon organisation, qui portait la voix des femmes vivant avec l’albinisme, d’être représentée.

D’autres personnes souffrant d’une autre forme de handicap ont pu nous marginaliser et nous traiter comme des gens incapables d’assumer des rôles clé et responsabilités au sein de l’union, du fait de la nature de notre handicap.

Si cela a pu se produire, c’est parce que je n’avais pas encore l’assurance et l’aisance à l’oral nécessaires pour défendre les droits des personnes vivant avec l’albinisme. Notre échec à cette élection a été un coup dur pour notre organisation, qui s’est retrouvée sans aucun·e représentant·e qui puisse porter nos demandes au niveau du district.

Comment avez-vous surmonté cette situation?

J’ai surmonté cette situation en écoutant des conseiller·e·s et en m’acceptant moi-même, pour réaliser tout mon potentiel. Par ailleurs, j’obtenais de bons résultats dans mes études et mes professeur·e·s m’ont alors confié des responsabilités, en me proposant comme modératrice de groupes de discussion, responsable de la bibliothèque ou présidente du club de débats. Cela m’a obligé et encouragée à m’exprimer en tant que leader et ainsi à développer mon assurance pour prendre la parole en public.

Puis ma communauté et un public plus large m’ont remarqué des talents d’oratrice et ont commencé à me solliciter pour intervenir lors de différentes cérémonies et évènements ; ce qui a continué à renforcer ma confiance.

Quel a été l’impact de ces changements pour vous et votre organisation?

Nous sommes une organisation de plaidoyer et sensibilisation autour des personnes vivant avec l’albinisme, et grâce à ma renommée croissante en tant qu’oratrice, la visibilité de notre organisation a été multipliée.  Il en est également résulté un regain d’intérêt pour la cause et les demandes de notre organisation, ce qui nous a ouvert de nouvelles opportunités.

Au-delà, en ayant repoussé les limites de mes capacités d’expression publique, j’ai pu commencer à prendre la parole lors d’évènements nationaux et internationaux pour différents ateliers, conférences et conventions.

Cela a contribué à faire évoluer la perception sociale et les attitudes envers les personnes vivant avec l’albinisme, auparavant marginalisées et rejetées, pour qu’elles soient pleinement prises en compte dans les programmes sociétaux et nationaux.

Que vous a appris cette expérience?

  • J’ai appris que le fait de parler et d’interagir en public permet de mettre une cause sous les projecteurs.
  • J’ai appris que déjouer l’adversité et aller à l’encontre des opinions générales peut faire grandir une cause et inspirer d’autres personnes.
  • J’ai appris que ce que les gens disent de vous peut vous affecter profondément, si vous ne changez pas votre attitude.
  • J’ai appris que les compétences d’une personne peuvent bénéficier à toute une organisation.
  • J’ai appris que les talents viennent avec la pratique – c’est la pratique qui rapproche de la perfection.
  • Quels conseils donneriez-vous pour s’exprimer en public?

A faire:

  • Faites l’effort de connaître le public auquel vous vous adressez, en termes de statut social, niveau d’éducation, classe d’âge et intérêts
  • Maîtrisez bien votre sujet et les informations que vous allez donner
  • Veillez à votre présentation (respectez les codes vestimentaires)
  • Soyez éloquent·e.
  • Soyez confiant·e.

A ne pas faire:

  • Ne vous laissez pas affecter par les commentaires négatifs.
  • Ne laissez pas de prise aux antagonismes dans votre présentation.
  • Ne soyez pas en retard.
  • Ne vous comparez pas à votre public.

Voici quelques exemples de ressources qui m’ont aidée:
Parmi les livres que j’ai lu, je recommande Think Big and Gifted Hands par Ben Carson et Rich Woman par Robert Kiosaki.

J’ai écouté des orateurs et oratrices inspirant·e·s, comme Hon Nalule Safia, Margaret Kigozi, Morris Cerrulo, Nick Vujicic, Joyce Meyer et Oprah Winfrey.

Doreen Mayanja, HURIWD

Nawejje Doreen Mayanja est une femme ougandaise vivant positivement avec l’albinisme. Doreen détient une licence en Arts ACCI, un diplôme en Entreprenariat et Développement de Produits, un diplôme en Arts de la Médecine de l’Université de Makerere et un diplôme d’enseignement pour adultes.

Doreen a développé ses talents d’oratrice en:

  • Enseignant à l’Université Nkumba
  • Devenant maîtresse de cérémonie lors d’évènements commerciaux
  • Prenant la tête de différentes organisations de femmes et projets
  • Devenant actrice
  • Intervenant comme consultante sur des thématiques liées à l’albinisme lors de conférences et dans les maisons de presse.

Tout ceci a contribué à l’assurance avec laquelle Doreen s’exprime maintenant en public.

Vous pouvez contacter Doreen sur ses pages Facebook: huriwduganda et albinismcrisisoutreach ou par mail: huriwd@gmail.com.