Écrit par Zia ur Rehman, AwazCDS-Pakistan
Certaines des informations ne seront pas aussi pertinentes pour la situation actuelle, mais nous pensons que ce guide offre des conseils utiles aux défenseur·euse·s des DSSR.
Le Pakistan a connu un confinement strict dû au COVID-19, les citoyen·ne·s n’étant autorisé·e·s à sortir que pour leurs achats alimentaires ou des visites à l’hôpital.
Le Gouvernement a mis en place des mesures d’urgence et créé une force spéciale (‘Tiger Force’) pour venir en aide à la population, mais bon nombre de groupes marginalisés s’en sont trouvés exclus. Par exemple, les informations à ce sujet n’ont pas été diffusées sous une forme accessible aux personnes en situation de handicap ; les personnes transgenres ont souffert d’être isolées de leur famille et communauté, et les minorités religieuses n’ont pas eu accès à l’aide proposée par certaines organisations caritatives confessionnelles.
Notre programme Ujala, dans le domaine des DSSR, que nous déployons à l’échelle du pays avec la participation d’une cinquantaine d’ONG, a dû interrompre brusquement ses activités face aux risques du COVID-19 et aux mesures gouvernementales visant à contenir la progression du virus.
Aussi, de nombreuses communautés ont été privées de soutien du jour au lendemain, notamment des personnes avec des besoins particuliers ou n’ayant pas accès aux services et aux aides financières de base. Le premier enjeu a consisté à poursuivre notre plaidoyer en lien avec le terrain tout en respectant des règles strictes de distanciation physique.
Puis est venu le défi de composer avec le stress que la pandémie a provoqué chez nos collaborateur·rice·s, à la fois sur le plan personnel et professionnel.
Face à l’apparition de nouveaux besoins, notre réseau a adapté son travail. Ensemble, nous avons produit des données montrant que les mesures gouvernementales de réponse au COVID-19 excluaient de facto les personnes en situation de handicap, les familles dirigées par une femme, les communautés transgenres et les minorités religieuses. Nous avons alors plaidé pour que la situation soit gérée autrement.
Nous avons sensibilisé à ces besoins et aux répercussions de la crise du COVID-19 sur la santé (y compris du point de vue de la santé psychologique et de la prévention des VBG) par le biais des médias et de l’affichage, mais aussi grâce au relais de personnes influentes au sein des communautés. Nous avons suivi et évalué la recrudescence des VBG et violences sexuelles, due notamment aux difficultés économiques, à l’incertitude et au stress, à l’anxiété et à des états dépressifs.
Après une période initiale stressante où nous étions dans l’incapacité de travailler, nous avons compris que nous ne devions pas nous laisser paralyser par la peur. Il fallait réfléchir autrement et aller de l’avant.
Nous sommes des êtres sociaux qui ont besoin de communication et d’entraide. Avec cette certitude en tête, nous avons commencé à penser en termes de distance physique plutôt que de distance sociale. Celles et ceux qui en avaient l’autorisation sont retourné·e·s au bureau, en utilisant les technologies de la communication pour garder le lien avec nos partenaires et imaginer des solutions créatives pour venir en aide aux populations.
Voyant que les Organisations de la Société Civile étaient mises en difficulté par le cadre politique et réglementaire extrêmement strict qui a été imposé, nous avons appelé à assouplir les règles pour sauvegarder les interventions des ONG/ONGI. Notre déclaration a été largement relayée, et finalement entendue par les autorités : le Département des Affaires Economiques a dispensé les ONG/ONGI de protocole d’accord pour intervenir. C’est notre capacité collective à plaider pour une cause qui a fait pencher la balance en cette occasion.
Zia ur Rehman a fondé AwazCDS-Pakistan en 1995 et a joué un rôle central dans le succès du mouvement Ujala, qui s’emploie à soutenir la dynamique en faveur des Droits et de la Santé Sexuels et Reproductifs (DSSR) au Pakistan. Il s’est rendu célèbre en tant que lobbyiste pour le développement, activiste des droits civils et politiques au niveau communautaire, écrivain et poète. Il a présidé la Campagne Leave No One Behind (« Aucun laissé-pour-compte ») pour la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) au Pakistan et faisait partie des finalistes du Prix SDG Actions Award (« Action pour les ODD ») 2018. Il a représenté le Pakistan et parlé au nom d’OSC pakistanaises ou asiatiques à l’occasion de différentes conférences locales, nationales, régionales et mondiales, y compris à l’ONU.