Écrit par Sartika Nasmar et Ika Ayu, Samsara, Indonésie
Certaines des informations ne seront pas aussi pertinentes pour la situation actuelle, mais nous pensons que ce guide offre des conseils utiles aux défenseur·euse·s des DSSR.
Notre travail passe par l’enseignement d’un cursus sur les DSSR dans des écoles novatrices, appelées écoles SSKR (Ecoles de la Sexualité et de la Santé Reproductive). Nous couvrons en particulier les îles de l’Est, moins bien dotées en ressources et informations que le reste de l’Indonésie.
Nous réunissons trois fois par semaine des jeunes d’entre 18 et 25 ans pour des classes d’information et de discussion autour des DSSR et du plaidoyer, en particulier au sujet de l’avortement sécurisé. Le cursus leur permet aussi d’acquérir les outils, méthodes et techniques nécessaires pour porter avec tact la cause des DSSR. Les ancien·ne·s élèves SSKR rejoignent ensuite leur communauté où ils et elles partagent leurs connaissances et plaident pour les DSSR.
Lorsque la pandémie a frappé l’Indonésie, bientôt suivie par le confinement, nous avons dû interrompre les classes présentielles et avons cru voir la fin de notre programme.
Nous avions peur que la dynamique qui s’était créée autour de nos classes ne retombe.
Nous avions cependant l’atout d’être peut-être mieux préparé·e·s que d’autres organisations, puisque notre service de conseils était déjà entièrement en ligne et confidentiel. Nous avions donc déjà l’expérience des technologies et des méthodes de travail à distance qui nous ont permis de répondre aux défis posés par le confinement dans d’autres domaines de travail.
Pourtant, il ne suffisait pas de répliquer notre école en ligne ; ce nouveau format ne pouvait se faire sans un grand nombre d’adaptations.
En puisant dans notre expérience du conseil par internet, nous avons transféré toute notre école sur une plateforme en ligne. Nous organisons maintenant trois classes de quinze participant·e·s chacune. Ce format à distance est très différent de l’enseignement présentiel : nous avons expérimenté différentes adaptations, dont :
En combinant ces diverses plateformes, nous pouvons compter sur un espace fonctionnel propice au partage de sujets, d’idées et d’informations entre participant·e·s, pour enrichir le contenu des classes en lui-même. Les discussions au sein d’un groupe WhatsApp et/ou Facebook contribuent à construire un lien fort entre participant·e·s et avec l’animateur·rice.
Nous avons également partagé la plateforme en ligne de Samsara avec certain·e·s ancien·ne·s élèves pour les aider à amplifier l’impact de leur activisme. Ils et elles peuvent par exemple utiliser notre profil sur les réseaux sociaux pour leur plaidoyer. Cette idée a été un véritable succès. Elle a permis de mettre en valeur les profils de Samsara et de ses ancien·ne·s élèves, dont plusieurs sont devenu·e·s des porte-paroles reconnus pour les DSSR, dans leur communauté et à l’échelle nationale. Ils et elles sont interviewé·e·s à la radio et sont appelé·e·s en tant qu’expert·e·s sur ces questions.
Le « nouveau » format de notre école connaît un tel succès que le nombre de candidat·e·s ne cesse d’augmenter.
Ironiquement, nous avons constaté que les ancien·ne·s élèves étaient même plus impliqué·e·s dans leur communauté locale avec le format en ligne qu’en présentiel ! Il nous reste cependant un défi à surmonter : les carences des infrastructures internet, qui compliquent notre engagement auprès des communautés.
Le nouveau cursus doit être moins intensif que l’enseignement en classe, entre autres parce que nous connaissons moins les circonstances personnelles des étudiant·e·s et parce qu’il est malgré tout plus difficile d’apprendre à se connaître en ligne.
La plupart des étudiant·e·s ont un smartphone, mais le crédit leur pose souvent problème. Nous en avons acheté pour celles et ceux qui en ont fait la demande.
Nous avions pensé que le travail de plaidoyer local des ancien·ne·s élèves serait provisoirement interrompu, mais au contraire, les jeunes ont rapidement su exploiter tout le potentiel d’internet pour agir à grande échelle et construire des réseaux.
La question des limites de couverture internet, qui était déjà un défi auparavant, est devenue plus centrale. Après avoir basculé vers un format de classes en ligne, nous nous sommes fait la réflexion que cette solution laisse de côté un grand nombre de jeunes qui ne pourront pas participer par manque de pénétration d’internet dans les régions orientales d’Indonésie.
Nous avons également rencontré quelques difficultés techniques dans l’utilisation d’outils externes pour tenir la classe. Nous testons encore différents outils pour trouver des solutions adaptées à nos classes.
Sartika Nasmar, Coordinatrice de projet pour Samsara, est facilitatrice dans le domaine des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR) depuis 2008. Basée en particulier dans l’Est de l’Indonésie, elle a acquis une solide expérience du travail de terrain au sein des communautés locales, notamment dans les régions rurales avec des paramètres variables de groupes d’âge et de diversité de genre.
Ika Ayu, Directrice de Samsara, est chercheuse autour de questions liées à la condition féminine depuis 2009. Expérimentée dans l’organisation au niveau des communautés, elle s’implique avec passion dans la recherche basée sur des faits au service du plaidoyer.