Écrit par Is’haq Mahmoud, Kenya Council of Imams and Ulamaa
Certaines des informations ne seront pas aussi pertinentes pour la situation actuelle, mais nous pensons que ce guide offre des conseils utiles aux défenseur·euse·s des DSSR.
Nos Ambassadeur·rice·s, 6 Imams (hommes) et 26 Maalimats (femmes), travaillent en immersion dans les communautés à Kajiado, Narok et Naivasha (où sévit une forte prévalence des MGF) pour éduquer/sensibiliser les populations aux DSSR et faire campagne pour l’éradication des MGF/E. Leur méthode consiste à tirer parti des activités religieuses pour transmettre aux hommes des messages de prévention des VBG étayés par des préceptes religieux.
Mais avec la pandémie, lorsque les déplacements et l’accès aux informations et services se sont trouvés restreints, les femmes de ces communautés – où il était déjà très difficile de faire évoluer les normes sociales autour des MGF – ont appelé à l’aide face à la multiplication des VBG.
Nos Ambassadeur·rice·s, tout comme les femmes et les filles de la communauté, manquaient de connaissances sur le COVID-19 et ignoraient comment prévenir et gérer les actes de violence sexuelle dans le contexte de la pandémie.
Les populations vulnérables sont souvent celles qui ont le moins accès aux informations importantes, tout en étant plus exposées aux fausses informations, propagées intentionnellement ou non, qui entretiennent des dynamiques de pouvoir inéquitables et rendent possible l’exploitation des plus faibles.
La crise du COVID-19 a exacerbé ces difficultés, du fait des restrictions imposées aux déplacements et aux interactions. Nos Ambassadeur·rice·s n’avaient pas les connaissances et contacts qui auraient permis de faire face à une telle situation.
Pourtant, nous avons réussi à capitaliser sur leur expérience en matière de VBG, dérivée de notre travail autour des MGF, pour qu’ils et elles puissent intervenir utilement.
Nous avons recentré le travail de terrain de nos Ambassadeur·rice·s sur l’information liée au COVID-19 et la prise en charge des VBG. Trente-deux d’entre elles/eux ont été formé·e·s pour contrer activement la propagation du virus tout en prévenant les violences sexuelles, et pour savoir réagir face aux violences repérées.
Leur rôle consiste à repérer les situations à risques, proposer un soutien psychologique d’urgence (SPU) et relayer les informations disponibles sur les services de prise en charge des VBG, y compris en y réorientant les victimes. Les Ambassadeur·rice·s doivent rencontrer les victimes (en respectant les règles de distanciation sociale) et gagner leur confiance pour leur apporter une aide concrète.
Nous collaborons avec le Délégué aux Questions de Genre en respectant les lignes directrices nationales, et nous nous mettons en lien avec la police et les services de prise en charge lorsque cela est nécessaire. Nous collectons également des données sur les VBG.
Pour contextualiser les choses, sachez que les districts de Kajiado, Narok et Naivasha comptent une forte proportion d’immigrants somalis, aux côtés de l’ethnie locale Masai. Ces populations pratiquent les MGF à 97 % et 94 % respectivement.
Pour renforcer les connaissances et compétences de nos Ambassadeur·rice·s sur le COVID-19, nous avons pris contact avec le Chef de District, le Délégué au Genre et l’Administration pour initier une collaboration en matière d’appui technique et supervision des formations. Ainsi, nous nous sommes assuré·e·s de ce que nos Ambassadeur·rice·s soient au fait des directives gouvernementales sur la prévention du COVID-19 et le signalement des VBG.
Nos Ambassadeur·rice·s ont été muni·e·s des coordonnées de différents services de prise en charge des VBG, pour leur signaler les cas nécessitant une action immédiate, et, si besoin, récupérer la victime pour l’orienter vers une aide médicale. Chaque fois que possible, un·e Ambassadeur·rice escorte la victime pour s’assurer qu’elle arrive bien jusqu’au bon service – les femmes de nos communautés faisant souvent preuve de timidité ou naïveté, du fait d’un fort taux d’illettrisme et de l’intimidation masculine. Bien sûr, en période de COVID-19, des précautions doivent être prises pour respecter les directives nationales de prévention et sécurité sanitaire.
Ils et elles ont développé leur capacité à gérer les répercussions du COVID-19, tout en nouant des relations de travail plus étroites avec les services concernés : Ministère de la Santé, Directorat du Genre et Administration (pour la sécurité et facilité de déplacement des Ambassadeur·rice·s). La collecte de données s’est également améliorée pour s’ajuster à la situation actuelle.
Is’haq Mahmoud is a Programs Manager working with the Kenya Council of Imams and Ulamaa. He has over 15 years’ experience working on community empowerment in the areas of SRHR, GBV Mitigation and Prevention and Community Health.