Écrit par Jade Maina, Trust for Indigenous Culture and Health (TICAH), Kenya
Notre mouvement étant jeune, nous avons naturellement connu quelques tâtonnements en matière de communication face aux attentes plus ou moins réalistes des nouveaux membres. Beaucoup de gens s’attendent à un soutien beaucoup plus fort que ce nous pouvons réellement leur consacrer, en temps comme en ressources. Il nous arrive aussi parfois, ce qui est décourageant, de convoquer des réunions auxquelles les membres ne viennent pas. En Afrique subsaharienne, la récurrence des problèmes de connexion et les coupures d’électricité ou de réseau ne permettent aucune certitude quant à la participation. Les frustrations risquent alors de s’accumuler, tant chez l’équipe de coordination que chez les membres s’ils/elles se sentent laissé·e·s en-dehors des décisions. Pour notre projet traitant de sujets sensibles, il est également crucial de sécuriser les communications.
Nous sommes en train de développer un nouveau guide de communication qui devrait aider nos membres à sécuriser leurs communications et à se sentir connecté·e·s. Les plateformes de communication chiffrées développées par des activistes, que l’on trouve sur internet, peuvent être utiles, mais celles récemment créées risquent de souffrir de problèmes de connexion. Notre guide de communication clarifie auprès des membres à quelle fréquence il est prévu de communiquer et quels sont les outils à privilégier : ainsi les membres peuvent s’organiser et s’initier à ces outils en amont.
Nous avons mis en œuvre de nouvelles stratégies d’anticipation des réunions qui ont eu un effet positif visible sur l’engagement des membres. Nos nouvelles approches ont abouti à remettre entre les mains des membres davantage de responsabilités et de pouvoir décisionnel sur le déroulement des réunions, avec pour effet direct de renforcer leur engagement dans le mouvement. A titre d’exemple de ces nouvelles stratégies, nous avons :
Vers fin 2018, seuls deux des onze membres assistaient aux réunions, tandis que depuis que nous avons revu nos stratégies avec, entre autres, les mesures ci-dessus, nous n’avons jamais eu moins de huit personnes à une réunion.
L’une des principales leçons que nous en avons tirées est qu’il est vital de communiquer clairement avant un évènement, notamment sur le calendrier des réunions régulières : par exemple tous les troisièmes jeudis du mois. Les membres peuvent alors intégrer cet élément à leur organisation et connaissent la date de la prochaine réunion s’ils/elles en ratent une. Même avec cette approche, il est recommandé d’envoyer un rappel quelques jours avant. Dans la mesure où il y aura toujours des gens qui ne pourront pas participer, pensez à utiliser une plateforme qui permet d’enregistrer les discussions, ou prévoyez la possibilité pour les membres d’apporter une contribution avant ou après la réunion. Il est également conseillé de définir les tâches et d’indiquer aux membres, y compris à celles et ceux qui n’ont pas pu assister à la réunion, quels sont le moment et le canal opportuns pour faire part de leur retour ou contribution.
Jade Maina est la Directrice Exécutive de TICAH. Elle est chargée de la mobilisation des ressources, de la planification stratégique et direction, et du développement des effectifs. Elle a à son actif dix ans d’expérience en tant qu’activiste, gestionnaire de programme et organisatrice dans le domaine des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR).