Comment améliorer ses propositions de projet

Écrit par Jacqueline Carine Samuels, Covenant Foundation for Girls (COFGIRLS), Libéria

Pourriez-vous décrire les défis auxquels votre organisation a été confrontée en rédigeant ses propositions de projet ?

COFGIRLS a débuté comme un mouvement communautaire de filles en 2010, quand 19 bénévoles sans expérience ont décidé d’agir pour résister aux MGF forcées – après la mort d’une jeune fille bien connue de la communauté suite à un acte contraint de MGF. Le mouvement n’avait pas de leadership ni de structure formelle, pas de ressources financières et, malgré leur conviction et leur enthousiasme, aucune de ses membres n’avait de compétences techniques ni d’expérience de la préparation d’une proposition. Il nous a fallu 23 jours pour arriver à notre première note conceptuelle de cinq pages. Aucune des huit premières propositions que nous avons envoyées n’a été retenue par les bailleurs.

Comment avez-vous surmonté ce défi et quels changements avez-vous entrepris ?

Nous avons essayé de nombreuses techniques de rédaction, par exemple en réalisant des brainstormings parmi nos membres pour explorer de nouvelles idées et formulations, ou en sollicitant des orateur·rice·s de langue anglaise pour reformuler nos phrases, mais sans succès. Finalement, nous avons établi un Conseil d’Administration pour assurer notre gouvernance et administration, et l’avons doté de termes de référence clairs. Une fois le leadership solidement assuré, nous avons pu nous concentrer sur nos objectifs précis et notre mission.

Nous avons également noué un partenariat avec une ONG locale. Cela nous a ouvert des opportunités de participation à une série de formations pratiques, axées sur la rédaction de propositions, la gestion financière et la dactylographie.

Quels résultats avez-vous obtenus ?

Nous avons connu plusieurs réussites : le leadership de l’organisation s’est consolidé autour d’objectifs clairs, nos membres actives ont pu développer leurs compétences, et notre réseau s’est étoffé, ainsi que notre visibilité.

Grâce à cela, nous avons pu soumettre une note conceptuelle de bonne qualité à un bailleur international et avons obtenu une micro-subvention. Elle nous a permis de mettre en œuvre de façon autonome un projet anti-MGF et pro-DSSR, en approchant des chefs traditionnels et les personnes pratiquant des MGF.

Qu’avez-vous appris de cette expérience ?

Cette expérience nous a appris que :

  1. La qualité d’une proposition n’est pas une question de longueur, mais dépend de la façon dont le projet et ses objectifs attendus sont présentés.
  2. Chaque proposition doit répondre aux attentes particulières du bailleur – et pour cela vous aurez besoin de temps et d’accompagnement, en particulier si les membres de votre équipe qui rédigent la proposition n’ont pas d’expérience technique.
  3. Les partenariats et la collaboration développent les relations et la visibilité, ce qui augmente les chances de retenir l’intérêt des bailleurs.
  4. Pour pouvoir progresser, une organisation a besoin d’un leadership et d’une politique de gouvernance bien structurés.
  5. Croyez en votre vision – le rejet d’une proposition ne signifie pas que votre mission et vos objectifs ne sont pas les bons, il suffit peut-être de les présenter différemment.

Quels sont les éléments clé à garder en tête pour rédiger une proposition ?

  • Une présentation claire et concise des problématiques et stratégies.
  • Un plan d’action, des objectifs réalisables, mesurables, réalistes et assortis d’un délai défini.
  • Un plan de suivi et évaluation clair.
  • Un budget réaliste.
  • Des éléments de preuve de la capacité de l’organisation à mettre en œuvre un tel projet, par exemple les qualifications ou l’expérience du personnel, les précédents financements s’il y en a, etc.
  • Le contexte et l’historique de l’organisation.

Quels conseils donneriez-vous à une organisation qui voudrait améliorer la rédaction de ses propositions ?

  • Chaque échec amène une nouvelle chance ; considérez vos échecs comme l’opportunité d’apprendre et de vous améliorer.
  • Restez concentrée : préparez toujours des descriptions de poste précises et appuyez-vous sur votre politique de gouvernance pour orienter le travail de vos collaborateur·rice·s et de l’organisation.
  • Valorisez vos idées et partagez : la collaboration, les partenariats et le réseau sont décisifs pour accroître votre visibilité.

Jacqueline Carine Samuels, Covenant Foundation for Girls (COFGIRLS), Libéria

Jacqueline Carine Samuels est une fervente porte-parole des femmes et des filles. Elle est Directrice Exécutive de la Fondation Covenant pour les Filles (COFGIRLS, Covenant Foundation for Girls), une ONG locale axant son travail sur les Mutilations Génitales Féminines (MGF), les mariages d’enfants, précoces ou forcés et les viols au Libéria. Issue des milieux de l’enseignement et de la santé, elle est infirmière diplômée et également titulaire de qualifications en rédaction de propositions, gestion de cycle de projet, médiation et dialogue transitionnel. Elle suit actuellement un cursus à l’Université de Cuttington, avec une spécialisation en Gestion et Politiques de Santé.