Écrit par Chioma Ike, Circuit Pointe, Nigéria
Certaines des informations ne seront pas aussi pertinentes pour la situation actuelle, mais nous pensons que ce guide offre des conseils utiles aux défenseur·euse·s des DSSR.
Circuit Pointe est une organisation non gouvernementale basée au Nigéria, partie prenante du mouvement parlementaire pour les droits humains et engagée pour améliorer la condition des femmes et des filles. Depuis notre création en 2015, nous travaillons dans la région Sud Est du Nigéria, où nous encourageons les communautés à abandonner la pratique des mutilations génitales infantiles chez les filles.
Le Ministère de la Santé se coordonne avec d’autres institutions de santé publique pour sensibiliser, prévenir, suivre et gérer l’épidémie. Il y a quelques jours, le Gouvernement a ordonné le confinement dans certains états, des restrictions de déplacements dans d’autres, et a interdit les rassemblements publics. Il n’y a pas actuellement de consigne officielle de distanciation sociale.
Partout au Nigéria, les consommateurs cèdent à la panique et constituent des stocks. Nos finances en ont subi les répercussions : la plupart de nos employé·e·s ont demandé à toucher un salaire d’avance.
Pour garder une longueur d’avance, nous avons anticipé les mesures à prendre pour protéger nos collaborateur·rice·s et les communautés auprès desquelles nous travaillons.
En février, nous avons évalué notre plan de continuité d’activité pour être prêt·e·s sur le front des communications et de la protection. Nous nous sommes assuré·e·s de ce que nos collaborateur·rice·s et bénévoles soient équipé·e·s des connexions nécessaires pour télétravailler et maintenir nos activités vitales.
Nous avons également organisé une formation interne pour sensibiliser aux mesures de prévention, comme se laver régulièrement les mains et respecter une distanciation sociale de quatre mètres aussi bien au travail qu’en-dehors de l’organisation. Nous avons distribué des kits de protection et de désinfection des mains à tou·te·s nos salarié·e·s et bénévoles.
Depuis février, nous avons commencé à alterner les jours de travail – certain·e·s d’entre nous viennent travailler le lundi, d’autres le mardi. Ainsi, nous limitons le nombre de personnes présentes dans nos locaux. Nous avons également encouragé notre personnel à covoiturer pour éviter les bus surpeuplés.
Nous avons revu le calendrier de nos projets. Les activités prévues au sein des communautés ont été reportées et remplacées par des actions possibles à distance grâce aux nouvelles technologies. Nous avons par exemple renoncé temporairement à nos campagnes soutenues par des influenceur·se·s clé, initialement prévues en mars et avril, qui impliquent de nombreux rassemblements publics.
Parallèlement, nous avons lancé notre programme de sensibilisation par SMS, en incluant des messages de sensibilisation au COVID-19 dans nos envois groupés aux communautés.
En raison des liens que nous avons tissés avec les communautés, il nous a semblé important d’informer les habitant·e·s sur les mesures préventives, les symptômes et le mode d’emploi pour fabriquer ses propres protections, notamment des masques, avec des matériaux utilisés localement et que chacun·e a chez soi.
Et enfin, nous avons tenu nos bailleurs informés de la situation par email.
J’ai vu passer, de la part de Co-creation Hub (CcHUB, un centre d’innovations technologiques à Lagos) un appel à candidatures pour soutenir les ONG qui se sont engagées dans la sensibilisation au COVID-19. Je regrette que notre organisation ne se soit pas penchée plus tôt sur cette option, qui nous aurait permis d’élargir la portée de nos actions.
Nous aurions pu prendre contact avec d’autres ONG pour mettre en commun nos moyens techniques. Par exemple, lorsque nous avons envoyé nos SMS groupés la semaine dernière, nous avons aussi en retour été contactés par des habitant·e·s qui voulaient nous poser des questions, demander des clarifications ou qui s’interrogeaient sur d’autres aspects.
Nous n’avons pas de numéro vert, mais d’autres ONG en ont : si nous avions noué un partenariat pour partager cette ressource, nous aurions pu gérer plus facilement la situation.
Nous aurions dû mettre en place bien plus tôt des infrastructures de télétravail, car l’explosion de la demande a tiré les prix vers le haut. Je suis sûre que les prix d’achat du matériel ont sensiblement augmenté, en particulier pour les équipements bureautiques.
Nous avons grandement apprécié la flexibilité d’AmplifyChange qui nous a permis de revisiter le volet Renforcement Organisationnel de notre subvention. Grâce à cela, nous avons pu acquérir les équipements nécessaires pour que notre personnel télétravaille pendant la crise du COVID-19.
Chioma Ike est une visionnaire et militante pour les droits des femmes et des filles. Elle est Directrice Exécutive de Circuit Pointe, une ONG active du mouvement en faveur de l’émancipation et des droits des femmes et des filles au Nigéria. Titulaire d’un diplôme en Gestion de Projet et Lauréate du Prix Anita Borg 2018, elle suit actuellement à distance une Maîtrise en Administration des Affaires option Action Internationale, avec une spécialité en Droits et Santé Sexuels et Reproductifs.