> Déplacer le pouvoir : une feuille de route pour décoloniser la santé mondiale
Déplacer le pouvoir : une feuille de route pour décoloniser la santé mondiale
Narmeen Hamid, présidente du conseil d’administration d’AmplifyChange; Sara Seims, membre fondateur et membre du conseil d’administration d’AmplifyChange; et Hayley Lynn Herzog, étudiante diplômée à l’université de New York, discutent comment nous pouvons donner la priorité à l’agenda de décolonisation et de localisation dans le domaine de la santé mondiale et du développement international. Ce blog est une version abrégée de l’article complet, que vous pouvez télécharger en cliquant sur le lien en bas du page.
(Veuillez noter que l’article complet en uniquement en anglais)
Des mouvements tels que ‘Black Lives Matter‘ ont inspiré et dynamisé les efforts visant à améliorer la justice sociale et à lutter contre les inégalités raciales. Le domaine de la santé mondiale – le terme utilisé pour définir les efforts des nations riches pour améliorer l’état de santé des pays à faible revenu – est actuellement confronté au défi de savoir comment adopter ces principes. Historiquement, les priorités et les programmes en matière de santé mondiale ont été largement déterminés par des institutions basées dans le Nord ou façonnées par celui-ci, avec des variations considérables dans le degré d’implication du Sud.
Les principes de la santé mondiale trouvent leurs racines dans la médecine tropicale coloniale, une approche qui a été formulée au point culminant de la colonisation européenne. À l’époque, les objectifs étaient principalement de protéger les colonisateurs des périls des maladies tropicales. Peu de choses étaient faites pour comprendre et répondre aux besoins sanitaires des populations locales. Cela a conduit à l’intégration d’inégalités dans l’infrastructure de santé publique des pays à faible revenu.
Ce déséquilibre structuré du pouvoir a stimulé les efforts visant à décoloniser la santé mondiale. Le mouvement de décolonisation, parfois appelé localisation ou déplacement du pouvoir, vise à changer ce statu quo dans lequel le pouvoir, l’influence, les ressources et les politiques qui affectent la santé des pays à faible revenu résident de manière significative dans les pays à revenu élevé plutôt que dans les communautés du Sud, auxquelles ils appartiennent. La décolonisation, nous l’espérons, permettra au moins de limiter, sinon d’éliminer, la situation où les priorités des bailleurs contrôlent l’agenda dans le Sud.
Comment pouvons-nous soutenir et accélérer les progrès ?
Les actions pragmatiques suivantes pourraient faire la différence en faveur d’un ensemble de relations décolonisées et plus équitables dans le domaine de la santé mondiale et dans d’autres secteurs du développement.
- Exprimer publiquement l’engagement envers la décolonisation et la localisation. Des engagements explicites accompagnés de déclarations claires sur ce qui serait différent, et à quel moment, pourraient donner plus de crédibilité à de vagues déclarations d’intention.
- Traduire l’engagement en actes, par exemple en confiant à des experts locaux la responsabilité des équipes qui conçoivent, mettent en œuvre et évaluent les programmes de santé mondiale et en les rémunérant de manière appropriée, et en déplaçant autant que possible les bureaux des organisations impliquées dans la santé mondiale vers les pays à faible revenu.
- Collecter davantage de ressources auprès des pays du Sud. Les initiatives prises au sein du Sud pour obtenir le soutien des individus, de philanthropes et d’entreprises bien dotés en ressources dans le Sud contribueraient grandement à accroître le contrôle local de la santé mondiale. Cette solution permet de renforcer la responsabilité locale des prestataires de santé et des responsables de l’allocation des ressources pour la santé.
- Mieux utiliser la société civile dans les pays du Sud. Les organisations de la société civile (OSC) peuvent donner l’impulsion politique nécessaire pour que leurs gouvernements prennent des décisions rationnelles et transparentes. Bien que les OSC ne puissent pas remplacer le rôle des gouvernements, elles peuvent idéalement compléter et soutenir les efforts de l’État.
- Reconnaître et être réaliste quant aux limites des agences de financement pour mettre pleinement en œuvre la décolonisation de la santé mondiale. Le fait d’adapter les politiques de financement des gouvernements aux besoins des pays bénéficiaires, de soutenir les priorités des bénéficiaires et d’alléger le contrôle exercé sur eux permettra de localiser et de décoloniser plus efficacement le financement de la santé mondiale.
- Accélérer le transfert de technologie et renforcer les capacités de recherche scientifique. La recherche en matière de santé menée par les institutions des pays à faible revenu est plus susceptible de refléter les priorités de la région, la diaspora des scientifiques des pays à faible revenu aurait un travail significatif à reprendre, et les populations locales ne seraient plus toujours à la traîne en ce qui concerne leurs propres besoins en matière de santé.
- Augmenter la représentation des experts des pays à faible revenu au sein des conseils d’administration des agences de financement. Nous pensons que cette absence entrave les efforts de décolonisation.
- Améliorer le vocabulaire de la santé et des droits sexuels et reproductifs lui-même afin de refléter les complexités culturelles de ces questions dans les différentes géographies du Sud. La décolonisation de l’aide doit également inclure la décolonisation du langage.
Nous aimerions voir une plus grande prise de conscience politique et un plus grand engagement envers les actions nécessaires pour faire de la décolonisation une réalité. Nous espérons que le mouvement de décolonisation conduira à une véritable représentation à tous les niveaux de gouvernance, aux conseils consultatifs et aux dispositions institutionnelles de mise en œuvre par des personnes ayant une expérience vécue des pays sur les questions qui les préoccupent. Nous pensons que les actions et les approches décrites ci-dessus contribueront à accélérer le processus de décolonisation. Il n’est pas fréquent que la bonne chose à faire soit également la plus pratique et la plus efficace, mais dans le cas de la décolonisation, tous ces objectifs peuvent être atteints et, ce faisant, la santé de tous en bénéficiera.
Lisez l’article complet ici. (en anglais)