Aujourd’hui, alors que nous célébrons la Journée internationale de la jeunesse, Wafa Adam, une experte indépendante des droits et la santé sexuels et reproductifs (DSSR) et des violence basée sur le genre (VBG), et une membre fondatrice d’AmplifyChange (spécialiste de la jeunesse) appelle à un changement dans la conversation autour de menstruation.
La puberté est une période étrange pour les jeunes. Souvent, c’est aussi une période de peur. Beaucoup d’entre nous ne savent rien sur les changements qui se produisent dans notre corps et ce qu’ils signifient. On ne nous explique pas ce que sont les règles et ce qui va se passer. Lorsque nous avons nos premières règles, nous avons peur et nous sommes gênées. Celles d’entre nous qui entendent parler du cycle menstruel, avant ou après y avoir été confrontées, ont surtout entendu des choses négatives. Dans la plupart des cultures et des religions, la puberté et la menstruation ont une connotation négative. Elles sont associées au péché et à l’impureté.
La façon dont nous découvrons les règles nous donne honte de notre corps, et nous pousse à nous demander comment nous sommes tombées dans le péché. C’est pourquoi tant d’adolescentes essaient de cacher leur poitrine naissante ou les changements de leur silhouette. Nous ressentons du dégoût devant ces saignements, parce qu’on nous dit qu’ils sont sales et impurs. Et nous finissons par être dégoûtées de nos organes sexuels et reproductifs, parce qu’ils sont certainement la cause de cette impureté. Sinon, pourquoi ce sang serait-il différent de celui qui coule quand nous nous coupons à un autre endroit du corps ?
Malheureusement, pour nous qui vivons dans les pays du Sud, la menstruation amène également son lot de responsabilités. Des responsabilités qui bouleversent notre vie. Dans de nombreux contextes, nous sommes désormais considérées comme des adultes. Quand on est jeune, on ne comprend pas ce qui se passe. Mais on est envahi par la honte, la crainte et la culpabilité. C’est le seul moyen de gérer toute cette aura négative autour d’un évènement que le corps connaît naturellement. Du jour au lendemain, vous ne pouvez plus sortir sans surveillance, vous ne pouvez plus jouer avec les autres enfants, et on vous demande de cacher votre corps, votre visage ou vos cheveux. Certaines filles sont exclues des rituels religieux ou de certaines pièces de la maison pendant leurs règles.
Nous devons davantage, et mieux, éduquer nos jeunes sur la puberté, la menstruation et l’hygiène intime. Être fière de son corps est l’une des toutes premières étapes vers l’émancipation. Comment pouvons-nous venir à bout de la stigmatisation et de la honte, et encourager nos jeunes à se sentir bien dans leur corps si nous leur inculquons dès l’enfance que les règles et ces changements morphologiques naturels les rendent impures ? ou immorales ?
En outre, nous devons offrir aux jeunes davantage de solutions pour gérer les règles au quotidien : des produits accessibles et abordables, et le choix entre plusieurs options pour trouver celle qui leur convient le mieux. Dans de nombreux endroits du monde, c’est loin d’être une réalité – en particulier dans les pays en développement et sortant d’un conflit. Nous devons rendre l’éducation à la santé menstruelle et les produits menstruels disponibles dans le monde entier, en mettant l’accent sur les plus marginalisé·e·s. Les besoins liés à la menstruation devraient également être mieux pris en compte lors de la planification de projets liés à l’éducation, la santé, l’hygiène, l’eau et l’assainissement. Nous devons intensifier le plaidoyer mondial en faveur de la détaxation des produits menstruels, et encourager les gouvernements à prendre leurs responsabilités et agir en faveur de la santé menstruelle en tant que question transversale et multisectorielle. Les gouvernements et les communautés doivent se soucier davantage des demandes et des besoins de leurs jeunes.